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dimanche 18 décembre 2011

Un souvenir inoubliable


Je profite aujourd'hui de cette période hivernale de disette cycliste pour me rappeler une journée qui fut pour moi extraordinaire. Début 2008, j'ai fait l'acquisition de mon vélo actuel, un Specialized Expert, et je me sens pousser des ailes. En juillet, la 1ère partie de nos vacances se déroule à Bourg d'Oisans, au pied de l'Alpe d'Huez. Je me suis déjà mesuré à des cols des Alpes par le passé, notamment ceux de Maurienne, mais ma nouvelle monture m'emmène de nouveau au Galibier, à la Croix de Fer par leur autre versant cette fois, entre autres. Je grimpe plusieurs fois l'Alpe, établissant mon meilleur temps : 1h tout rond. Bref, je suis en forme lorsque nous nous envolons vers l'Ardèche, à Ruoms, pour la 2ème phase des vacances. Une région magique que je parcours depuis plusieurs étés. (...)


Le 6 août, je me lève très tôt et pars en voiture jusque Bédoin, où je me gare sur le parking de la coopérative viticole, juste à l'entrée du village, "comme d'habitude". Le défi que je me suis fixé est de taille : c'est celui des Cinglés du Ventoux, qui consiste à gravir les 3 faces du monstre à la suite ! Je l'ai déjà escaladé les étés précédents, par Bédoin ou Malaucène, mais cette fois, je veux tripler la difficulté. Inconscient ? Sans doute un peu, mais après tout, pourquoi les autres et pas moi ? Je n'avais pas d'appareil photo ce jour-là, j'ai dû donc piocher des images sur Google Street pour illustrer cet article. Dommage, mais conforme à mes souvenirs !
Excité et anxieux, j'enclenche donc mes pédales automatiques : début de l'aventure ! La face Sud présente l'avantage de commencer piano pendant 5 ou 6 km, de quoi s'échauffer le coeur léger sous un soleil radieux mais encore doux en ce début de matinée. Mais une fois l'épingle de St Estève, l'avantage se transforme en inconvénient : plus un seul mètre de répit jusqu'au Chalet Reynard, soit 10 km d'un mur souvent rectiligne, contrairement aux épingles des cols des Alpes, où on se fixe des points de repère. Ici le dénivelé est visuellement très impressionnant ! Je gère la montée, mais je sens au braquet que j'emmène (30x19 ou 21) que je devrais mettre moins de temps que la dernière fois. Je double pas mal sans me faire doubler, c'est toujours bon pour le moral ! Puis je rejoins un groupe dont l'accent ne laisse planer aucun doute sur la provenance : ce sont des belges flamands. Salutations de coutume, mais je ne m'attarde pas, concentré sur mon effort.

Quelques virages dans le mur de la forêt (Google street)
Un peu plus loin, une voiture vient à ma hauteur et pousse des encouragements qui manifestement ne me sont pas destinés : je m'aperçois alors que le plus jeune de la bande, un gamin de 15 ans, suivant les conseils de ses parents, a pris ma roue et compte profiter de ma cadence pour faire sa montée. Dès lors, je n'ai plus le droit de baisser de rythme ! Petit à petit, la forêt se clairsème, nous arrivons à la terrible épingle que je mets toujours un point d'honneur à passer à la corde. Dépourvu d'inclinomètre à l'époque, je me demande quel % elle représente ! Les spécialistes pourront peut-être me répondre.
Une épingle spectaculaire (Google Street)
Les jambes tournent toujours nickel, et on continue à doubler pas mal de monde. C'est marrant aussi de reconnaître au bord de la route les amis ou épouses des cyclistes qui s'arrêtent à différents endroits pour les encourager avant d'aller les attendre de nouveau plus haut. Du coup, on profite aussi de leur soutien. Nous nous rapprochons du Chalet Reynard et la pente s'accentue. La perspective d'un court replat aide à sortir de la forêt.
Au loin, le sommet ! (Google Street)
On aborde ensuite la partie mythique de l'ascension, là où le paysage devient lunaire. Heureusement, le vent n'est pas au rendez-vous, il rend cette section parfois encore plus dure en s'ajoutant à la pente comme frein à l'avancement, bien que les pourcentages soient un peu moins élevés pendant quelques km. Mais la fatigue commence à se faire sentir ...
Vue au-dessus du Chalet Reynard (Google Street)
Le sommet approche.
Le gamin me suit toujours, on discute peu, d'ailleurs je ne sais pas s'il parle français. Il se porte quelquefois à ma hauteur, mais ses parents lui conseillent à chaque fois de rester derrière moi ! Enfin, la dernière ligne droite se présente. Elle est très pentue et à 100 m de la dernière épingle, il me fait le sprint ! Impossible de réagir, mais un oeil sur mon compteur m'indique que j'ai battu mon record : 1h28 !
La dernière rampe est redoutable. (Google Street)
Les parents viennent me remercier et nous discutons 5 min. Ils sont sciés quand je leur annonce mon défi du jour ! Bon, je ne traîne pas, la journée est encore longue. J'enfile un coupe-vent et je plonge vers Malaucène.
Bravo jeune homme !

En l'absence de vent, cette descente est un régal. De longues lignes droites, des virages bien visibles, je profite de la stabilité irréprochable de mon "Spe" pour foncer sereinement. Le freinage est lui aussi très sécurisant : bref, je fais la descente ! En même temps, un petit doute s'installe : n'en ai-je pas trop fait dans la 1ère montée ? Aurai-je assez de ressources pour terminer la journée ? Bon, de toutes façons, ce qui est fait est fait ! A Malaucène, je remplis les bidons, je m'alimente rapidement et j'attaque le 2ème volet du triptyque du jour, non sans appréhension. 
La sortie de Malaucène n'est pas trop difficile, le remise en route se passe plutôt bien. C'est en abordant la forêt que la route se cabre de nouveau sérieusement. Je la joue prudent cette fois et passe un braquet plus petit. La particularité de cette montée est sa relative irrégularité, avec des passages pour récupérer après plusieurs km très raides. De quoi profiter des nombreux points de vue, sublimes, dont ne bénéficie pas l'autre versant.
Vue sur Vaison la Romaine (Google Street)
Quand on aperçoit le sommet, on sait que le plus dur reste à venir ! Une 1ère grande ligne droite, quelques virages très pentus, avant une épingle redoutable : s'en suit alors une interminable portion jusque la station du Mont Serein, où les pourcentages sont supérieurs à 10%. Un calvaire ! Mais je ne me suis toujours pas fait doubler et continue à dépasser des collègues sur 2 roues.

Des lignes droites impitoyables. (Google Street)
Je parviens à garder une fréquence de pédalage supérieure à 70 malgré la déclivité, mais le passage de la station me fait vraiment du bien ! Après une courte accalmie, s'est reparti pour les % élevés, notamment après la sortie de la forêt. On repasse la barre des 10 % jusqu'au sommet et l'essence commence à manquer dans le réservoir !
Un endroit spectaculaire. A éviter par orage violent ! (Google Street)

Le même endroit vu d'en haut. Superbe ! (Google Street)
Les 2 derniers km sont terribles et se font à l'arrache, d'autant qu'il est environ midi et que le soleil commence à cogner dur ! Je termine finalement en 1h44. Pas si mal pour 3 000 m de D+ dans les cuisses !
Après avoir repris mon souffle, je me lance vers la descente direction Bédoin, assez jouissive aussi, pour rejoindre la voiture où m'attend une collation bien venue. Déception par contre, mes réserves d'eau sont bouillantes et ne seront pas agréables à boire cet après-midi ! C'est en voiture que je me rends à Sault pour la dernière ascension du défi. Certes les puristes diront que j'aurais dû redescendre directement en vélo vers Sault et pour regrimper dans la foulée la 3ème face. C'est vrai, mais comme je n'avais pas envie de me trimballer un sac et donc des kg supplémentaires, j'avais choisi cette option rassurante, mais non conforme "au règlement" !
La montée depuis Sault commence ... par une descente ! Ouille, il faudra la remonter, celle-là, tout à l'heure ! Puis la route s'enfonce dans la forêt sur une pente oscillant entre 5 et 6%, mais plus longue que les 2 autres (25 km contre 21). Pour tout dire, je sens de suite que ça va être dur ! Les jambes tournent mais la force manque, je monte moins vite qu'à l'accoutumée sur pareille difficulté. Et puis la chaleur commence à se faire douloureusement sentir : j'aime quand ça cogne, mais là, je suis limite surchauffe, d'autant que mes bidons ne me désaltèrent pas vraiment ...Le passage au Chalet Reynard, où le 3ème versant rejoint le 1er pour une fin d'ascension commune est l'occasion de me regonfler le moral : la fin se rapproche !
Allez, un dernier effort ! (Google Street)
La chaleur devient suffocante. J'ai beau essayer de relancer, je me rassois immédiatement sur ma selle sans avoir accéléré d'un iota. Mais, et c'est positif, je n'ai pas la moindre crampe. Cette fin de parcours est terrible. Le sommet apparaît et disparaît au gré des virages, mais ne semble pas se rapprocher. Il me faut puiser mentalement pour terminer !... Je passe non sans mal devant la stèle rendant hommage à Simpson pour attaquer la partie finale qui me paraît bien plus raide que ce matin. Puis c'est la délivrance, je parviens enfin à me hisser tout en haut et ne peut m'empêcher de lever les bras et d'éprouver quelques frissons de satisfaction, après 1h52 de lutte contre la gravité.
Au paroxysme de l'effort, dans le dernier km.
A vrai dire, je ne me souviens pas si j'ai beaucoup pédalé dans la descente vers Sault ! Mais je me souviens que le dernier coup de cul que j'avais appréhendé en le descendant m'a fait très très mal ! Je me souviens aussi que le lendemain, j'ai dû faire un footing imprévu avec mon fils Yann de 5 ou 6 km !!!...

Pour finir, le profil altimétrique d'Openrunner donne 4 426 m D+. Je pencherais plutôt pour un petit 4 600 m. Si quelqu'un a le chiffre exact, je suis preneur !
Une journée mémorable donc, sans équivalent pour moi au niveau difficulté, si ce n'est les 205 km et 4 400 m D+ des "3 Ballons", cette année au mois de juin, qui m'ont paru extrêmement éprouvants également. Mais avec le recul, ça valait le coup et j'y repense souvent !



2 commentaires:

  1. très beau défi ! je n'ai atteint la barre des 4000 m D+ que cette année avec les Sucs (234 km-4350 m mais plus roulant ) et la trilogie de Chamrousse (4000 m tout juste mais dans le même esprit que les 3 Ventoux)
    Ce genre de jeu demande un bon mental ! mais apporte aussi une grande satisfaction :-)

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  2. J'avais fait le défi des galériens du Ventoux avec 4 montées aussi je n'ai pas de données altimétriques sur les 3 montées ensembles, en 2015 j'ai également fait 4 montées mais seulement par Malaucène et bedoin. Quand à l'épingle, la fameuse, pas facile à avoir une valeur fiable car la distance est courte et les altimètres pas très réactif, je pense que la valeur est voisine de 20%. En principe prochaine visite au géant à l'ascension :-)

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