Depuis quelques jours, la météo devenue plus clémente laisse entrevoir le bout du tunnel : le manteau blanc laisse les skieurs s'adonner à leur passion dans les stations mais s'amenuise petit à petit à plus basse altitude tout en alimentant les nappes phréatiques, le soleil se fait enfin plus ardent et les oiseaux gazouillent à tout-va, bref, on tient le bon bout ! Il n'est certes pas impossible qu'il reneige (on a déjà connu des cueillettes de jonquilles sous les flocons en avril) ou qu'il refasse mauvais au point de se demander s'il y aura bien un été, mais globalement, les affaires vont pouvoir reprendre ! Idéal donc pour programmer enfin une grande sortie avec un dénivelé intéressant, en empruntant un chapelet de cols faciles et accessibles, histoire de dégripper un moteur ronronnant par la force des choses depuis de longues semaines, mais également de rompre la monotonie en allant revisiter des contrées un peu plus éloignées. Alors c'est parti pour une bonne séance de décrassage ! (...)
J'attaque tout guilleret en sortant du
"village en marche" par le col des Arrentès, qui permet une bonne mise en jambes avec ses 3-4%. L'asphalte est sec, mais des restes de congères subsistent encore dans certains bas-côtés ombragés, leur fonte occasionnant ça et là des passages humides sur la route : un nettoyage vélo sera nécessaire au retour ! ... Descente sans encombres vers Granges, puis direction Bruyères pour le traditionnel rendez-vous avec les amis Olivier et Matthieu dont l'entraînement s'est intensifié en vue des 1ères courses de l'année qui se profilent.
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Col des Arrentès. |
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Les "corons" de Laveline. |
Pas de chance pour Olivier, qui vient de casser son chariot de selle juste avant notre point de rencontre ! Heureusement que cela ne s'est pas produit plus loin ! Ici, facile, Matthieu lui prête du matériel de secours, et nous pouvons nous mettre en route vers le col suivant : le col de Mon Repos. Plutôt facile et agréable, car situé en forêt et à l'écart des grands axes, il est cependant franchi à allure vive et croissante : mes acolytes tiennent la forme, leur préparation porte ses fruits !
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Problème de selle ... |
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... vite réparé par Matthieu. |
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Col de Mon Repos. |
La route serpente ensuite agréablement jusqu'Etival sous un soleil dont on apprécie enfin la douceur et la lumière, puis nous nous séparons à l'entrée de Moyenmoutier : je finirai hélas la boucle en solitaire, avec mon Jolly Jumper à 2 roues. "I'm a poor lonesome bike-boy ... I've a long long way from home ..."
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Entre La Salle et St Rémy. |
La remontée de la vallée du Rabodeau n'est pas des plus attrayantes avec ses poids-lourds et ses nids-de-poule. Heureusement, le vent y est favorable, ce qui la rend un tantinet plus brève. Cette vallée connut naguère une activité florissante, par ses scieries et ses industries textiles, dont l'inéluctable déclin dans les années 70 en fait désormais une zone sinistrée pour l'emploi (mais subsiste-t-il quelque part en France des régions non concernées par ce cancer social que représente le chômage ?). De nombreuses friches industrielles et des bâtiments délabrés jalonnent les lieux avec désolation, seul un ancien château au centre de Senones, en cours de rénovation, témoigne du lustre que connut la région à l'apogée de la Principauté de Salm fin XVIIIème siècle.
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Senones. |
A La Petite Raon, je quitte l'axe principal pour un léger détour via Moussey, petite vallée où il fait soudainement plus gris et plus frais ... Je me hâte donc vers Belval pour retrouver la route du col du Hantz, col plus abrupt côté vosgien qu'alsacien, au sommet duquel je m'autorise un petit ravitaillement.
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Moussey. |
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St Jean du Mont. |
Gants enfilés et blouson refermé, j'attaque la descente humide et ombragée pour rallier St Blaise, promptement traversé pour attaquer directement la montée du col de Steige, qui présente 3 accès dont 1 en descente, point de départ également d'une des montées du col de la Charbonnière, autrement plus corsé. Alors que son ascension côté alsacien présente une petite difficulté, le col de Steige par St Blaise est en fait un long faux-plat, ponctué par la traversée de 2 villages pourvus en fontaines (utiles par temps chaud !). Un étang totalement gelé marque le sommet, mais il me faut encore gravir le col de la Salcée, à peine 2 km, pour atteindre la route escaladant le Climont : 3 cols pour une destination, excusez du peu ! Les 2 derniers km sont de loin les plus pentus (8-10%), mais de beaux points de vue sur les sommets enneigés récompensent les efforts consentis. Le plus dur est fait, ne reste plus qu'à rentrer !
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Château de Belval, témoignant du riche passé textile de la vallée. |
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Ancienne frontière : bienvenue en Alsace. |
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Vue sur le massif du Champ du Feu. |
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Vers Colroy-la-Roche. |
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Ranrupt. |
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Col de Steige. |
La descente mène au col d'Urbeis, qui lui-même ramène à Provenchères via Lubine et Colroy-la-Grande, où je retrouve une vraie chaleur : mon thermomètre affiche carrément 20°C alors que je passe le cap des 100 km. Blouson grand ouvert, je file ensuite vers Bertrimoutier pour rejoindre Ban de Laveline au pied du col de Mandray. J'étouffe dans mes vêtements, une sensation oubliée, aussi je me débarrasse de mes couvre-chaussures que je bourre tant bien que mal dans mes poches déjà bien pleines : pas très esthétique, mais tant pis.
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Le Climont depuis la Salcée. |
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Passage à 10% dans le Climont. |
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Vue depuis le Climont sur le Champ du Feu. Au loin le Donon. |
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Une barre qu'il fait bon d'enfin refranchir ! |
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Massif de l'Ormont depuis Colroy la Grande |
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Radar tronçon à hauteur de Bertrimoutier (RN 159) |
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Ban de Laveline. |
La montée du col de Mandray se fait en 2 temps, avec jusqu'au-dessus du Chipal une pente aux alentours de 4-5%, puis une partie forestière en faux-plat. Sont-ce mes nouvelles roues, ou les heures accumulées sur mon HT et dans la froidure de l'hiver, déterminé, en rêvant des jours meilleurs ? Toujours est-il que je franchis relativement aisément cet avant-dernier obstacle qui permet de basculer vers Fraize. Un petit bout de nationale et se dresse devant moi le col du Plafond. Pas si redoutable en soi, mais toujours situé en fin de parcours, et en plein cagnard l'été, ce col de 3,5 km paraît parfois bien long ...
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Le Chipal, col de Mandray. |
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Vue sur le massif du Kemberg, col de Mandray. |
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Col de Mandray : plus qu'un ! |
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Vue sur Fraize. |
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Dernières (?) taches de neige dans le col du Plafond. |
Au sommet, ça sent bon l'écurie, et je lâche les derniers chevaux dans la descente me ramenant à mon point de départ. "Ah quel pied !" sera ma conclusion de cette bien belle journée, dont le parcours, nonobstant une petite boucle supplémentaire, développe 141 km, pour 8 cols et 1 641 m D+, couverts en 5h tout rond : satisfaisant !
Le parcours :
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