Pyrénées 2012 : Hautacam

29 juillet : Hautacam est une toute petite station de ski familiale qui ne doit sa notoriété qu'au Tour de France, qui lui fit honneur à 4 reprises. Luc Leblanc, tracté par Indurain, émergea de la brume en vainqueur en 1994, imité par B. Riis en 1996, année de son sacre controversé, qui affichait à l'époque un taux d'hématocrite record, alors que la dernière arrivée date de 2008. J'ai personnellement trouvé cette ascension hors catégorie particulièrement pénible. (...)

De mon lieu de villégiature, Luz Saint Sauveur, il me faut d'abord faire une approche, descendante, jusqu'aux environs d'Argelès Gazost. L'intersection avec la grand route ne marque pas le départ officiel de la grimpée, bien que cette portion soit loin d'être plate.

Intersection vers Hautacam

C'est en traversant Ayros-Arbouix que le décompte des 13 km commence, avec une entame à 9%. Mais qu'on ne s'y trompe pas, la particularité de l'ascension d'Hautacam est son irrégularité ! On alterne des coups de cul impressionnants avec des replats de courte durée. Danseuse, changement de braquet, tout y est pour qu'un pur grimpeur puisse placer des attaques. Personnellement, je me contente de gérer au mieux mon effort, mettant à profit les pauses de la pente pour faire baisser les pulsations, tout en accélérant légèrement malgré tout, et en profitant des points de vue sur la vallée malgré la grisaille.

Un bon 10% ...

Argelès Gazost

Soulom

Artalens-Souin

Le plafond nuageux se rapproche ...

Après Artalens-Souin, les replats se font plus rares et on a droit à 2 grands murs à 10-12%, entrecoupés ... d'une descente de 200 m ! Ensuite, même tarif qu'à Luz Ardiden pour moi : je pénètre malheureusement dans les nuages qui me privent des paysages et des points de repère ...

Je grimpe maintenant presque à l'aveuglette, sans pouvoir juger de la longueur des murs à gravir. Mon inclinomètre affiche à plusieurs reprises 12%, avec une pointe à 14%.

Les 2 derniers km sont moins difficiles, mais c'est cette fois un véritable mur ... de brouillard que je dois affronter, avec une visibilité d'à peine 20 m. Je repense alors à l'arrivée de Luc Leblanc en 94, que j'avais à l'époque vécue à la radio. Jean-René Godart, alors sur la moto et encore supportable, avait sublimé cette fin d'étape en racontant notamment que Leblanc, qui était resté toute la montée dans la roue d'Indurain, avait surgi soudainement dans la brume pour franchir la ligne en vainqueur : les conditions météo devaient ce jour-là être identiques à celles d'aujourd'hui ! Il finira l'année-là au pied du podium, avant de terminer la saison triomphalement avec un titre de champion du monde, un paletot bien lourd à porter l'année suivante.

Luc Leblanc à l'arrivée.

Au sommet, incroyable, mon chrono affiche 1h pile ! Cette régularité confirme cette aptitude que j'ai déjà constatée dans de nombreux cols, à maintenir une vitesse ascensionnelle d'environ 1 000 m D+/h : loin d'être sensationnelle, mais pas ridicule non plus ...

Il ne fait pas bien chaud, surtout après un effort intense.

La descente n'est pas du gâteau dans un brouillard à couper au couteau sur la 1ère moitié. Il me reste ensuite 20 bornes pour rejoindre mon point de départ via les gorges de Luz, pas si faciles que ça. Heureusement, le vent y est nettement favorable, et la sortie se solde par 70 km pour 1 575 m D+ en 2h51.

Les gorges de Luz.